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Un seul Être vous manque, et tout est dépeuplé...

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Un seul Être vous manque, et tout est dépeuplé... Empty Un seul Être vous manque, et tout est dépeuplé...

Message par Estei Mer 11 Mai 2011 - 19:27

Jour de deuil. Rien ne serait plus comme avant.


La mort, Estei l'avait déjà connue. Adolescent, son père s'en allait tous les jours labourer les terres avec force et courage. Il ne se plaignait jamais, et montrait l'exemple en nourrissant sa petite famille. Une miche de pain pour chacun, un peu de lard le Dimanche, le tout assaisonné d'amour et d'eau fraîche, cela suffisait amplement au bonheur du foyer. Certes, ils vivaient modestement, mais qui pouvait se targuer dans le voisinage de manger à sa faim et travailler à sa convenance?

Un soir d'été où la chaleur se faisait encore lourde et intense, le garçon s'adossa à la vieille bicoque qui lui servait d'abri, et attendit avec impatience son paternel. Le ventre grondait et Estei imaginait déjà l'odeur du pain chaud que rapporterait le travailleur acharné. Et pourtant... L'estomac resta creux toute la nuit, mais la terrible nouvelle ne tomba que le lendemain. Sur le chemin du retour, le chef de la famille s'était sauvagement fait assassiner par deux gredins qui n'avaient emporté que pour seul butin quatre miches.

La mère, éperdument amoureuse depuis toujours, n'eut pas la force de surmonter cette annonce. Elle pleura jour et nuit une semaine durant, puis se tut pour l'éternité. Tout d'abord, elle sombra dans un état second, comme absente du monde qui l'entourait et de ses enfants qui avaient plus que jamais besoin d'elle. Puis, refusant de se nourrir, la faucheuse l'emporta quelques temps après, laissant derrière elle, pour seul héritage, deux orphelins.

Ainsi, le garçon peu débrouillard dût compter sur l'abnégation sans limite de son aînée pour survivre. Lui qui n'avait travaillé dans les champs que pour récolter des légumes bien mûrs ne connaissait rien à la culture du blé. Les portes voisines s'étaient alors fermées devant eux, la générosité souvent contée n'étant pas au rendez-vous lorsqu'elle devint nécessaire. Les deux frangins apprirent à leur tour ce que savait leur père, mais le savoir-faire du défunt n'avait d'égal dans toute la contrée. Ainsi, la production fut maigre, et les temps difficiles.



Aujourd'hui, cinq longues années ont passé. Estei est devenu un jeune adulte respectable, du haut de ses vingt ans. Sa soeur et lui ont connu des moments formidables et leur relation en est devenue fusionnelle. Mais la maladie a foudroyé l'aînée, comme un signe cruel du destin. Cela faisait déjà quelques semaines qu'elle s'en trouvait mourante, mais le moment était arrivé. En silence, elle ferma les yeux à jamais.

Un seul Être vous manque, et tout est dépeuplé...

Ainsi, seul face à son destin, Estei l'enterra en bon Aristotélicien et pria pour qu'elle repose en paix. Enfin, le moment était venu pour un vrai changement. La solitude ne devait pas prendre le pas sur lui et, qui plus est, il ne pourrait continuer à exploiter les terres de ses ancêtres seuls qui, de toutes manières, n'avait pas été mises en jachères depuis trop longtemps et devenaient improductives. Le jeune homme prit tout ce qu'il avait: des vêtements propres, quelques morceaux de lard et une témérité sans limite. Estei décida de se présenter devant la Duchesse d'Auxerre, celle qui avait droit de vie ou de mort sur ses sujets, dont ilfaisait partie et arriva donc devant les grilles de la Tour Gaillarde avant de se présenter à un garde qui était en poste.

- Messire, je vous salue. Je m'appelle Estei et j'ai grandi sur les terres d'Auxerre. Aujourd'hui, je n'ai plus de famille, plus de terres fertiles. Je ne viens pas m'en plaindre à la Duchesse, mais je souhaiterais seulement la rencontrer afin de lui proposer mes services. J'ai forgé mon caractère ces dernières années, et souhaite me rendre utile au château, par tous les moyens qui soient, pourvu que son Altesse ait une tâche à me confier. Je me doute que sa Grâce est très occupée et n'a que faire des manants de son Royaume, mais j'aimerais tout de même la voir, ne serait-ce qu'un instant, si elle ne peut faire plus.
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Estei

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Message par Aubin Fichot Sam 14 Mai 2011 - 18:18

La nonchalance faite homme, Aubin Fichot déploya sa haute silhouette dégingandée et se pencha depuis la courtine, pour voir qui venait troubler ainsi son repos. C'était pas le premier pécore à venir dire aujourd'hui qu'il venait voir la patronne et Aubin Fichot s'était toujours demandé, durant les journées portes ouvertes, pourquoi les gens venaient dire qu'ils venaient voir la duchesse alors que déjà, forcément, au château, il n'y a qu'elle qu'on pouvait venir voir et parce qu'ensuite, c'était justement portes ouvertes. C'est vrai, quoi? Pourquoi aller se fatiguer à donner des détails qui n'intéresseraient personne et surtout pas lui et ne pas se borner à décliner nom, condition et basta? La nature humaine avait toujours fascinée Aubin Fichot par sa propension à se montrer surprenante, mais pas assez cependant pour qu'il en fît grand cas durant plus de deux secondes et pour qu'il se risquât à l'étudier. Non, il n'y avait que le côté féminin qui préoccupait Aubin Fichot et pas pour l'entendre discourir ou l'étudier, Aubin Fichot aimait les filles muettes et dépourvues de manières et de surprise. Tout le contraire de celle qui trônait dans l'Aula. La duchesse, elle parlait trop, beaucoup trop, et uniquement pour lui chercher des poux dans la tête, et puis, elle était toujours couverte de noir de la tête aux pieds, fallait se lever tôt pour apercevoir un bout de peau même si, il l'avait déjà fait remarquer aux autres, les yeux allumés, elle ne s'habillait pas vraiment en bure et enfin, allez comprendre ce qu'elle avait dans la caboche. On en parlait fort aux alentours et Aubin Fichot se doutait, dans un éclair d'éveil, que ça devait être pareil partout elle passait, la duchesse d'Auxerre elle était bien mystérieuse et il souhaitait bien du plaisir au dernier venu la voir, les prérogatives ducales étaient aux yeux du Morvandiau pas suffisantes pour risquer une confrontation avec la maîtresse.

Bref, chacun fait comme il veut et le garde se contenta de beugler :

A l'Aulai!

L'homme posté devant le portail s'effaça tandis qu'Aubin Fichot retournait se pieuter sur son banc. Il y aurait bien un valet pour accueillir cet Estei et le guider dans le dédale du logis principal jusqu'à l'Aula Magna.
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Aubin Fichot
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